Hier soir, je suis allé voir maman lui porter quelques vêtements et ses lunettes. Je suis tombé pile, en pleine crise, elle, téléphone à la main sans pouvoir composer aucun numéro de téléphone, anxieuse, complètement perdue. Où est-ce que je suis, je dois retourner chez moi, qu'est-ce que je fais ici, pourquoi, je ne me rappelle rien, c'est terrible, Jean-Marc, ça arrive comme ça, un jour on se rappelle, puis c'est la coupure, parle moi, répète moi ce que je dois faire, où est passé hier et le jour d'avant et toute la semaine dernière, redis moi où je suis oui, encore, ok j'ai 2 fractures, oui, je suis ici en convalescence, comment se nomme cet endroit encore, ok, je suis ici pour trois mois avant de retourner chez moi, oui, je dois accepter que c'est ça que j'ai à vivre, oui, les enfants sont prévenus, tu dois être fatigué, je dois collaborer, oui, ça va revenir me dis-tu, c'est normal j'ai perdu tous mes repères, me dis-tu, mais ça va revenir, ok merci, ça va, tu peux partir maintenant, oui, tu vas revenir me voir, merci, c'est terrible de ne pas me rappeler, comme ça, d'un coup, je vois son regard perdu, halluciné, inquiet et l'effort qu'elle déploie pour tenir, tenir bon, tenir dans un bloc tout son être tremblant.